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27.11.21

Propos raisonnables sur le covid


Propos raisonnables sur le covid 

J’aimerais, sur ce sujet difficile et controversé du covid, être vraiment lu, par tous, quelque soient leurs positions, leurs convictions, leurs analyses. Il y a des manipulateurs partout, mais il y a aussi des personnes de bonne foi et désintéressées. C’est à elles que je m’adresse, en espérant contribuer ainsi à atténuer, tarir!, les invectives réciproques.

Mon objectif est de permettre à chacun d’identifier les points d’accord et de désaccord et plus encore d’essayer de mettre en lumière ce qui fonde les désaccords. Une opinion, une décision est toujours la conséquence d’un choix, d’un ordre mis dans les critères d’appréciation de la situation ; et aussi d’hypothèses sur le contenu des incertitudes qui l’entourent. Expliciter les critères, mettre en valeur les incertitudes peut, peut-être, permettre un dialogue plus serein, non pas un accord mais au moins une compréhension des désaccords, une compréhension réciproque. 

Je ferai quatre remarques préalables :

1-     Nous sommes dans un univers d’incertitudes. Nous savons certaines choses. Mais il y en a beaucoup que nous ne savons pas. Pour une part parce-que nous avons relativement peu de recul ; mais plus encore parce-que nous ne savons pas vraiment comment fonctionne le corps humain. Nous connaissons un grand nombre de régulations locales (par exemple l’effet sur le pancréas d’un taux excessif de glycémie), mais nous ne maitrisons pas la régulation globale. Nous ne disposons pas comme en physique de lois générales. C’est pourquoi, à la différence de la physique, la médecine a un caractère prédictif limité, et essentiellement en probabilité. Face aux incertitudes, l’attitude nécessaire, quelque soient ses convictions, est la modestie.

2-     La statistique est un outil puissant, mais à manier avec précaution, car « corrélation n’est pas causalité ». C’est un outil qui ne peut être utilisé que sur la base d’hypothèses préalables que l’outil statistique permet de tester. Encore convient-il d’identifier l’ensemble des facteurs, qui peuvent agir sur le phénomène étudié et de les isoler. Et même si l’outil statistique est utilisé puissamment en médecine, avec des résultats indéniables (evidence based médicine), l’absence de représentation globale du fonctionnement du corps humain induit des limites fondamentales dans son utilisation (voir par exemple http://chroniquesdaujourdhuipourdemain.blogspot.com/2019/08/quelques-reflexions-sur-la-preuve-en.html

3-     Une décision est toujours un arbitrage entre plusieurs considérants, plusieurs facteurs. C’est un pari, dans un univers d’aléas. C’est le rôle du patron, du gouvernant de prendre une décision, dont il assume la responsabilité, en expliquant les critères auxquels il a donné la priorité, les hypothèses qu’il a faites face à l’incertitude. Ce n’est pas le rôle des scientifiques. L’univers de la science est celui de la controverse et pas de la vérité ; d’une connaissance sans cesse remise en question. C’est pourquoi, il me semble que les scientifiques qui conseillent un gouvernement devraient en priorité analyser et expliciter les différentes options avec leurs forces et leurs faiblesses et être très prudents quand ils font des préconisations.

4-     En conséquence des choix faits en matière de médecine, il y a des enjeux financiers extrêmement importants pour les firmes, leurs actionnaires, leurs dirigeants, comme le traduisent très bien l’évolution des cours de bourse des opérateurs.

 

 

Je ne suis ni médecin, ni biologiste. Je me garderai bien de prendre parti dans le débat scientifique sur les mécanismes biologiques à l’œuvre dans le covid et dans les différents moyens envisagés pour y faire face (vaccins, traitements…). J’essaierai seulement d’énoncer quelques questions, de mettre en lumière certaines incertitudes, à partir des quelques éléments (très incomplets) que j’ai pu lire et dont je donnerai bien sûr la référence.

 

1-la dynamique du virus :

Un virus n’est ni stable, ni constant. Il peut varier en vitesse de propagation dans la population selon les saisons, et bien sûr selon l’immunité acquise par une population de façon naturelle ou du fait d’un vaccin. Il peut muter et évoluer dans sa virulence, dans sa contagiosité.

Que sait-on et qu’ignore-t-on sur la dynamique du coronavirus.

Eclairer ce sujet est indispensable pour répondre à trois questions : faut-il faciliter ou au contraire limiter la circulation du virus ? quelle est la contribution du vaccin à l’évolution de la morbidité, de la mortalité liée au COVID ? Le vaccin a-t-il un effet sur les mutations du virus.

 

2-les options pour agir :

Face à la maladie, outre le laisser faire et les actions toujours opportunes de prévention générale qui confortent le microbiote et le système immunitaire (alimentation, vitamine D…), deux leviers de lutte peuvent être mis en œuvre, le traitement ou le vaccin préventif. Il me semble que dans le cas du COVID, la priorité a été donnée au vaccin. Il faut s’interroger pourquoi.

Les produits de santé sont produits par les entreprises pharmaceutiques, qui comme toute entreprise, choisissent ce qu’elles souhaitent produire, avec très logiquement, un objectif de performance financière. Les Etats peuvent les influencer par des incitations financières. Mais en définitive le choix leur appartient. Les laboratoires pharmaceutiques décident des recherches qu’elles entreprennent. Et les autorités publiques sont très largement dépendantes de l’industrie pour apprécier le couple efficacité/sécurité des traitements, puisque ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui financent et organisent les essais de phase 3, dont c’est l’objet, même si ce sont parfois des établissements de soins publics qui les réalisent.

Dans le cas du COVID, il me semble que l’industrie pharmaceutique, globalement, a donné la priorité au vaccin. Pourquoi : est-ce parce qu’il existait des données scientifiques qui conduisaient à penser que cette piste était plus prometteuse, en termes de résultats. Est-ce que des considérations financières ont pu jouer, le marché du vaccin, qui s’adresse à la population générale étant évidemment plus large que celui du médicament qui ne vise que les malades.

Il est vrai que l’histoire du Remdesivir montre la difficulté de mettre au point un médicament efficace. Mis au point en 2015 pour traiter d’autres pathologies, il a fait l’objet d’essais cliniques sur des patients atteints de formes graves du covid, qui ont débouché sur une autorisation de mise sur le marché (AMM) provisoire délivrée par l’Union européenne sur recommandation de l’Agence européenne du médicament, avant d’être déconseillé par l’OMS en novembre 2020.

L’ANSM (agence française de sécurité du médicament) a donné, le 15/03/2021 une autorisation temporaire d’utilisation (RTU) pour deux anticorps monoclonaux, le casirivimab et l’imdevimab « des données préliminaires issues des études cliniques suggérant un intérêt de ces traitements dans la prise en charge des personnes à haut risque d’évolution vers une forme grave de la COVID-19, quand ils sont administrés au tout début de la maladie ».

https://ansm.sante.fr/actualites/anticorps-monoclonaux-lansm-permet-lutilisation-en-acces-precoce-de-deux-bitherapies-contre-la-covid-19

En février 2021, la HAS dans une revue des approches thérapeutiques du covid 21 a précisé que « D’autres études cliniques de phase III sont nécessaires ou en cours pour confirmer l’intérêt des anticorps monoclonaux neutralisants ».

https://has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/veille_covid_fevrier_2021.pdf

 

En revanche, au même moment (01/04/2021) l’ANSM a refusé cette recommandation temporaire d’utilisation (RTU) à l’ivermectine pour la prise en charge de la maladie Covid-19 suite à une demande de professionnels de santé, au motif que « L’analyse des données publiées disponibles à ce jour, du fait de leurs limites méthodologiques, ne permet pas d’étayer un bénéfice clinique de l’ivermectine quel que soit son contexte d’utilisation, en traitement curatif ou en prévention de la maladie COVID-19.», tout en soulignant « la nécessité de mettre en œuvre de larges études cliniques randomisées en vue de conclure sur la base d’une méthodologie adaptée à la possible utilisation de l’ivermectine dans le contexte de la maladie Covid-19 » et en concluant que « Cette position pourra être révisée à tout moment, dès lors que des résultats d’études cliniques seraient susceptibles, en tenant compte d’une évolution de la prise en charge standard selon la population cible, de modifier le constat établi à ce jour ».

Dans sa lettre de réponse à la saisine, l’ANSM précisait également que « aucune demande d’autorisation d’essai clinique n’a été soumise à l’ANSM par un industriel ». https://ansm.sante.fr/actualites/lansm-publie-sa-decision-sur-la-demande-de-rtu-pour-livermectine-dans-la-prise-en-charge-de-la-maladie-covid-19

De fait comme le soulignait le site suisse creapharma.ch, « l’utilisation de l’ivermectine contre la Covid-19 reste controversée en tout cas pour certains médias à la fin juillet 2021, notamment par manque de grandes études cliniques (lire davantage ci-dessous). Plusieurs (plus de 50) “petites” études ont montré son efficacité contre la Covid-19 ». https://www.creapharma.ch/medicaments-sommaire/ivermectine

 

Les « grandes » études cliniques sur lesquelles se fondent les décisions des agences gouvernementales sont essentiellement à l’initiative des laboratoires pharmaceutiques, car elles coutent très cher, devant intégrer un nombre important de personnes, sur une durée significative.

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/09/20/essais-cliniques-l-ethique-face-a-l-innovation_6095354_1650684.html#xtor=AL-32280270-[default]-[android] 

Les industriels, c’est logique, s’intéressent aux médicaments coûteux et récents, qui leur procurent de la marge. Les médicaments anciens, génériqués et donc peu chers, ne les intéressent pas. Et ils n’ont évidemment pas d’objectifs en matière de santé publique ni d’optimisation des dépenses de santé. On comprend que Merck, un des premiers laboratoires mondiaux, qui fabrique de l’ivermectine, préfère organiser des essais sur de nouveaux traitements du covid, tel le molnupiravir, dont le prix devrait dépasser 600$ la dose, à comparer à quelques euros pour le comprimé d’ivermectine. Et, naturellement les laboratoires Roche et Lilly étaient mobilisés pour démontrer l’intérêt du casirivimab et de l’imdevimab (cf ci-dessus).

Par bonheur, l’université d’Oxford, a inclus l’ivermectine dans un essai à grande échelle, PRINCIPLE, avec l’espoir de « générer des preuves solides pour déterminer l’efficacité du traitement contre COVID-19, et s’il y a des avantages ou des inconvénients associés à son utilisation » comme l’a déclaré un responsable de l’étude. https://www.fr24news.com/fr/a/2021/06/luniversite-doxford-explore-livermectine-un-medicament-antiparasitaire-comme-traitement-covid-19-2.html

Espérons que cette étude mettra fin aux débats sur ce traitement ; et regrettons qu’elle n’ait pas été engagée avec la même vélocité et les mêmes moyens que ce qui a été entrepris pour les vaccins.

En tout état de cause, l’affirmation selon laquelle le vaccin est le seul moyen de se protéger n’apparaît pas incontestable.

 

La question de la maitrise des essais cliniques et du rôle des Etats, qui sont souvent (toujours en Europe), directement ou indirectement, les principaux financeurs des dépenses de santé, est majeure. C’est un domaine où l’Europe devrait prendre des initiatives.

 

 

 

3-quelle stratégie rationnelle pour sa protection personnelle.

 

Il est rationnel qu’une majorité de personnes prennent l’option du vaccin pour assurer leur protection personnelle. En effet, le vaccin a été administré à plusieurs milliards de personnes. La plupart en sont satisfaites. Il assure une protection, contre le Covid, réelle, même si elle n’est pas totale ; et diminue l’occurrence de formes graves de la maladie. Comme pour les vaccins contre la grippe, son efficacité diminue avec le temps, significativement après 6 mois.

Cette option même imparfaite pourrait s’imposer à tous si le vaccin ne présentait aucun inconvénient, a fortiori aucun danger. On peut affirmer que les risques sont très faibles, mais personne ne peut affirmer que le risque est nul. D’abord parce-qu’il existe des effets indésirables graves répertoriés. Leur nombre fait débat, leur lien avec le vaccin aussi. Mais on ne peut contester le raisonnement du démographe Hervé Le Bras, qui dans un article du journal « le monde » résolument favorable au vaccin, écrivait en août 2021, « Selon les rapports de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les professionnels de santé ont constaté entre janvier et juillet 2021 un millier de morts en France parmi les personnes ayant subi des troubles à la suite de l’injection de l’un des quatre vaccins contre le Covid-19 ». Après avoir rappelé que ce chiffre a été interprété de deux manières opposées, il poursuivait : Les rapports de l’ANSM concluent après un examen assez approfondi des décès post-vaccin que« dans ces conditions, il n’est pas possible de statuer sur un lien physiopathologique avec le vaccin ». Autrement dit, la question reste ouverte. Il est en effet très difficile d’établir un lien de cause à effet dans de telles circonstances, mais nombre d’éléments penchent en faveur, sinon d’un lien direct, du moins d’une relation causale ». Et il continuait : « Il est plus vraisemblable que la vaccination ait accéléré l’arrivée de l’instant fatal, tout comme lors de la grande canicule les personnes les plus fragiles avaient succombé alors qu’il leur restait peut-être quelques mois ou quelques années encore à vivre. On ne l’avait su qu’après coup en constatant une baisse de la mortalité aux grands âges lors des trimestres qui suivirent la canicule ». https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/08/24/deces-apres-vaccin-ce-qui-est-regrettable-dans-cette-controverse-c-est-la-faiblesse-de-l-enjeu_6092229_3232.html#xtor=AL-32280270-[default]-[android

Par ailleurs on se doit d’être prudent sur les effets à long terme, puisqu’on n’a pas de données sur le sujet, faute de recul, plus encore pour les vaccins moderna et pfizer qui utilisent une « technologie » nouvelle. Je ne sais pas, par exemple, si les vaccins proposés ont fait l’objet d’études de génotoxicité, de cancérogénicité et de tératogénicité. L’absence de modèle général du fonctionnement humain et, en conséquence le caractère non prédictif de la médecine oblige en effet à beaucoup de prudence sur l’évaluation des effets à long terme. C’est d’ailleurs pour cela que les essais de phase 3 réclament une durée longue. Rappelons à cet égard que les vaccins moderna et pfizer ont été mis en œuvre bien avant la fin de leurs essais de phase 3, respectivement le 27/10/2022 pour le premier, le 02/05/2023 pour le second, ce qui explique probablement que ces firmes ait exigé, dans les contrats passés avec les Etats, une limitation de leur responsabilité en cas de dommages liés à leurs produits. C’est d’ailleurs parce-que cette phase d’essais n’est pas terminé qu’on fait signer à chaque candidat au vaccin (c’est une obligation légale) une déclaration de consentement éclairé. A chacun de juger de la réalité de cet engagement.

 

Il n’est donc pas irrationnel de refuser le vaccin, au nom du risque immédiat ou à terme qu’il présente, même s’il est tout à fait minime.

L’argument du « bénéfice-risque » n’est en effet pas automatiquement, systématiquement favorable à la vaccination si on raisonne au niveau individuel. C’est éventuellement une affirmation statistique ; en aucun cas un raisonnement individuel, qui est le fondement d’un traitement, d’un acte de santé. Il y a en effet une différence essentielle avec l’approche « bénéfice-risque » dans l’usage d’un médicament par quelqu’un de malade. Dans ce cas en effet, le risque est effectif, lié à la maladie. Et il y a un arbitrage légitime à faire avec les bienfaits potentiels d’un traitement. La situation est toute autre en ce qui concerne la vaccination contre le covid. Pour beaucoup de personnes en bonne santé, les jeunes et les enfants en particulier, le risque n’est que potentiel, et encore avec une probabilité insignifiante, puisque s’ils attrapent le virus ils développeront, dans la quasi-totalité des cas une forme asymptomatique ou bénigne de la maladie. Le bénéfice est donc très largement hypothétique alors que le risque lié à l’administration du vaccin, même faible, est réel.

Il faut rappeler, à cet égard que l’âge moyen des victimes du Covid est de 82 ans et la moitié des morts ont plus de 85 ans. Les décès liés au covid touchent, pour leur quasi-totalité les plus de 45 ans (+75 ans 73%, 65-74 ans 18 %, 45-64 ans 8%).

 https://fr.statista.com/statistiques/1104103/victimes-coronavirus-age-france/.

Et dans cette distribution, le critère de comorbidité n’est pas pris en compte. Si on ne considère que les personnes en bonne santé, il y a fort à parier que le nombre de décès lié au covid parmi les personnes de moins de 50 ans est négligeable.

Pour une personne en bonne santé, il n’est donc pas irrationnel de prendre le risque du covid, en faisant confiance à son système immunitaire, le cas échéant accompagné et encouragé par des aliments et des substances qui le stimulent, vitamine D, zinc…D’autant plus que le débat sur les traitements reste ouvert (cf point 2).

 

 

4-     Quelle stratégie rationnelle pour une protection collective,

 

C’est un argument souvent employé par les promoteurs de la vaccination. Quelque soient les appréciations sur la stratégie individuelle, le vaccin serait l’outil de la protection collective ; et se faire vacciner serait, en tout état de cause un acte de solidarité. Et par conséquent ceux qui refusent le vaccin seraient des égoïstes. D’où la difficulté de débattre d’un sujet placé d’emblée sur le terrain de la morale avec une vision manichéenne de ce qui est bien et de ce qui est mal.

J’ose malgré tout aborder ce sujet en souhaitant être lu jusqu’au bout.

Puisqu’il s’agit de protection collective, le sujet central est celui de la transmission du virus.

Il est avéré aujourd’hui que le vaccin n’assure qu’une protection limitée contre le virus, qui diminue avec le temps et que s’il diminue les formes de cas graves, il n’empêche pas la transmission du virus.

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/variant-delta/variant-delta-du-covid-19-la-guerre-a-change-craignent-les-autorites-sanitaires-americaines_4722809.html. https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2021/11/03/covid-19-nouvelles-donnees-de-leffet-de-la-vaccination-sur-la-transmission-du-variant-delta/

ce qu’a confirmé très récemment le Président du conseil scientifique, Monsieur Defraissy : https://www.lefigaro.fr/sciences/les-vaccins-anti-covid-protegent-ils-peu-contre-l-infection-20211123?utm_source=app&utm_medium=sms&utm_campaign=fr.playsoft.lefigarov3

Cela veut dire que se vacciner n’empêche pas de contaminer l’autre, avec une probabilité d’autant plus grande que le vaccin est plus ancien. Le message implicite des pouvoirs publics, un peu corrigé depuis, « faites-vous vacciner et vous pourrez tout faire comme avant » n’est pas fondé. La vaccination a entrainé un relâchement des gestes barrières qui a pu favoriser les contaminations. Heureusement, dans la ligne des recommandations du conseil scientifique, l’accent a été mis à nouveau sur la responsabilité personnelle, dans ses comportements.

C’est là, à mon sens le cœur de la solidarité. Le fondement de la solidarité c’est l’attention à l’autre, dans son comportement personnel (gestes barrières, isolement).

Il n’est donc pas juste d’affirmer que tous ceux qui ne sont pas vaccinés sont des égoïstes qui ignorent la solidarité. Car la solidarité, en l’occurrence, c’est de veiller à ne pas contaminer l’autre, particulièrement s’il fait partie des populations fragiles.

Deux questions méritent alors d’être examinées :

A-est-on infecté plus fréquemment, donc susceptible de transmettre le virus, quand on est vacciné, ou quand on a contracté le covid et donc été contaminé par le virus.

Je ne suis pas sûr qu’on sache répondre vraiment à cette question, car l’immunité est un phénomène complexe, et multidimensionnel. Il y a une grande variabilité selon les individus, et aussi en fonction du temps. Apparemment il n’empêche pas la présence du virus dans les muqueuses de la gorge et du nez, qui sont les sources essentielles de la contagion, par l’air expiré et la salive. En revanche, il protège les poumons. https://www.jle.com/fr/covid19-vacciner-contre-detection-par-PCR-ou-contre-maladie-covid19 Ce qui explique qu’il n’empêche pas la propagation du virus mais qu’il protège des formes graves. Il semble donc que se faire vacciner c’est se protéger soi-même, mais ce n’est pas protéger les autres.

 

B-est-il souhaitable ou non que le virus circule. Il me semble que cette question n’est pas assez débattue. Plusieurs articles du docteur Sonigo, ancien directeur du laboratoire de génétique des virus à l'Institut génétique moléculaire (INSERM) montrent que dans la population générale non fragile c’est la circulation du virus qui assure la protection (  https://www.linkedin.com/pulse/faq-covid-3eme-partie-les-vaccins-pierre-sonigo/?originalSubdomain=fr ). Même si ce point de vue n’est pas unanimement partagé, ce n’est faire preuve ni d’incompétence, ni d’irresponsabilité, ni d’égocentrisme que d’accepter que le virus puisse circuler en population générale, dans la mesure où pour le plus grand nombre, il ne touche que les voies supérieures et ne génèrent donc que des formes bénignes de la maladie, à condition, bien sûr d’organiser la protection des personnes fragiles, en particulier celles qui souffrent de comorbidités, en s’appuyant sur le vaccin si elles le souhaitent. Cela renvoie au point précédent, « 3-quelle stratégie rationnelle pour sa protection personnelle ».

 

En définitive est-on assuré, comme l’ont déclaré de nombreux responsables politiques, en Europe que « le vaccin pour tous est l’outil pertinent de la protection collective ».

Une statistique est souvent mise en avant pour légitimer cette affirmation, malgré les interrogations rappelées ci-dessus. Cette analyse des contaminés et hospitalisés selon leur statut vaccinal est actualisée tous les mois. Je fais, ci-dessous référence à celle de septembre, complétée par une actualisation sur novembre https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-09/2021-09-03%20-%20Appariements%20sivic-sidep-vacsi%20Drees_0.pdf

Les données sur les contaminations sont difficiles à interpréter, car la population qui se fait tester n’est pas définie, autrement que par cette décision de demander un test et aussi parce qu’on ne sait pas conclure sur l’opportunité ou non que le virus circule (cf ci-dessus). On remarque logiquement que ce sont les plus jeunes qui sont le plus testés positifs, en même temps qu’ils sont les moins hospitalisés.

Pour ce qui est des hospitalisations, en soins conventionnels ou en soins critiques, on constate clairement un taux nettement plus important pour les non vaccinés que pour les vaccinés. Selon les analyses de la DREES (cf ci-dessus), 80 % des admissions en soins critiques et 76 % des admissions en hospitalisation conventionnelle sont le fait de personnes non vaccinées, alors que celles-ci ne représentaient alors que 32% de la population générale concernée. On constate aussi, en ce qui concerne les non vaccinés une très grande différence selon l’âge : plus de 450 hospitalisés par millions d’habitants en une semaine pour les plus de 80 ans contre moins de 100 pour les 20-39 ans. De façon un peu inattendue, on constate qu’en ce qui concerne les soins critiques, le taux d’hospitalisation ne suit pas la courbe des âges : 23 hospitalisés de 20 à 39 ans, 66 de 40 à 59, 145 de 60 à 79 ans, mais seulement 43 pour les personnes de 80 ans et plus.

De ces éléments on tire deux observations, qui, je le crois, sont très largement partagées.

1-la gravité du covid croit fortement au-delà d’un certain âge. Et je n’exclus pas en outre que les patients avec comorbidités forment, à tout âge, une part importante des personnes hospitalisées et en soins critiques.

2- le vaccin limite fortement (mais pas totalement, puisque l’étude de la DREES mentionnée ci-dessus nous informe aussi que sur la semaine considérée, parmi les décès liés au covid, 24% étaient le fait de personnes vaccinées) les formes graves de la maladie et est donc un efficace moyen de protection pour les populations à risque vis-à-vis du covid, c’est-à-dire, en priorité les personnes atteintes de comorbidités.

De même, au début novembre la DREES nous apprend que à taille de population comparable, il y a environ 12 fois plus d’entrées en soins critiques pour parmi les personnes non vaccinées que parmi celles qui sont complètement vaccinées de 20 ans et plus. Faut-il en conclure que, malgré toutes ses limites (protection imparfaite, diminuant avec le temps, risque de contagiosité réel, effets indésirables…) la vaccination généralisée est le bon outil de lutte contre la pandémie ?

Au-delà du chiffre spectaculaire, « 12 fois plus », il est opportun de s’intéresser aux chiffres absolus : d’un côté 27 admissions en soins critiques sur une semaine pour 100000 personnes, de l’autre un peu plus de 2. Et sur un mois 57 décès pour 1 million d’un côté, 6 de l’autre. Cela signifie que la quasi-totalité de la population, qu’elle soit vaccinée ou pas, sur cette période, soit n’a pas été touchée par le covid, soit l’a été de façon limitée. Et il est probable qu’une partie importante des personnes gravement atteintes, vaccinées ou non, soient atteintes de comorbidités.

Si le vaccin était totalement sûr et inoffensif, on pourrait conclure que l’obligation vaccinale se justifie, au moins pour ceux qui n’ont pas été contaminés par le covid. Mais, dans le contexte de nos connaissances et incertitudes sur les effets indésirables graves, faut-il en faire l’outil universel de protection, voire décréter une obligation vaccinale, alors que pour l’immense majorité de la population, vaccinée ou non, le covid sera une maladie bénigne et que l’intérêt ou non d’une circulation du virus n’est, me semble t’il, pas bien documentée.

 

5-quelques réflexions sur les autres enjeux :

Au-delà des considérants sur la prise en charge de la maladie covid, d’autres enjeux implicites ou explicites sont présents, la question « économique » des moyens disponibles à l’hôpital pour traiter les cas graves, celle du risque que prennent les décideurs politiques face à d’éventuelles mises en jeu de leur responsabilité, celle enfin des relations de chacun de nous et de notre société avec la mort.

 

51-la question économique : on a beaucoup entendu avancer l’argument de risque de saturation des hôpitaux par le covid pour justifier des mesures de restriction susceptibles d’en limiter la propagation. C’est un point qui mérite naturellement d’être pris en considération. Mais on ne peut le limiter au covid.  Faut-il par exemple limiter la pratique du ski pour éviter l’engorgement des hôpitaux savoyards, du fait des fractures, ou les courses de formule 1, activités non essentielles (?), qui engendrent des accidents rares, mais souvent gravissimes, qui mobilisent de gros moyens hospitaliers. Et ces arbitrages pourraient se poser aussi en ce qui concerne les pollutions, la nourriture…Ces questions peuvent paraître incongrues. Elles soulignent des choix implicites ou non des responsables politiques, et plus profondément de notre société.

En ce qui concerne l’affectation des moyens de santé, en 2020 le choix (implicite ou explicite ?) a été fait de donner la priorité au traitement du covid par rapport à d’autres maladies, puisque les dépenses globales de santé ont très peu augmenté en 2020, alors même que celles liées au covid étaient évidemment en très forte croissance

( https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/panoramas-de-la-drees/les-depenses-de-sante-en-2020-resultats-des-comptes-de-la-sante)

Cette question des priorités d’usage de l’argent public dans la santé est une question majeure absente du débat public, et d’ailleurs très difficile à y introduire. Et pourtant des choix implicites sont fait en permanence par les pouvoirs publics : baisse de prise en charge des soins courants/accroissement des remboursements de médicaments très coûteux ; prévention/traitement,

action sur les causes des maladies ou sur leurs conséquences : par exemple la pollution de l’air provoque chaque année un nombre de morts dans des ordres de grandeur du covid sans que cela provoque l’émotion et la mobilisation médiatique et gouvernementale, qu’a provoqué le covid, alors même que les victimes n’ont généralement aucune responsabilité dans l’origine de leur mal (On estime à 1,6 million le nombre de décès prématurés attribués chaque année à l’exposition aux particules fines en Inde, contre 400 000 en Europe et environ 40 000 en France, https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/22/pollution-de-l-air-l-oms-durcit-drastiquement-ses-normes-pour-eviter-7-millions-de-morts_6095590_3244.html ),

Plus largement la question de l’affectation globale de l’argent public devrait être au cœur du débat démocratique. On en est loin.

 

52 : la question de la responsabilité :

Chaque acte qu’on pose engage légitimement sa responsabilité. Cela vaut d’autant plus qu’on a du pouvoir. On a trop souvent critiqué l’impunité des puissants pour ne pas se réjouir de la possibilité de les mettre en cause. En ce qui concerne les dirigeants politiques la responsabilité politique est évidente, devant le Parlement et les électeurs. On peut s’interroger sur le sens de la responsabilité pénale, quand il s’agit de décisions liées à leur fonction. Je ne suis pas sûr que ce soit un signe de bonne santé de la démocratie. Mais de toute façon c’est une réalité, comme le montre la récente mise en examen d’Agnès Buzyn.

Depuis l’affaire du sang contaminé, il y a plus de 20 ans, beaucoup de politiques sont « hantés » par ce risque de mise en cause pénale, dans le domaine de la santé.

Il y a des situations relativement faciles à apprécier pour un juge : a-t-on fait des déclarations mensongères ; a-t-on falsifié des documents, caché délibérément des informations...

En revanche il est très difficile, voire impossible, pour un juge, de « faire la preuve » qu’une décision a été fondée ou non, plus encore dans le contexte où les connaissances en matière de santé sont parcellaires et évolutives. Il y a beaucoup d’incertitudes. Le juge est dès lors tenté de prendre pour référence les affirmations des « autorités » scientifiques, qui deviennent ainsi des sortes de normes. Ce processus est extrêmement problématique, car il conduit à gommer la controverse qui est pourtant au cœur de la démarche scientifique, plus encore dans un champ aussi complexe que celui du fonctionnement du corps humain et, en définitive à ériger les scientifiques en « législateurs ». Et les responsables politiques sont alors naturellement enclins à suivre l’opinion scientifique dominante. Ils sont ainsi protégés.

 

5.3- Le rapport à la mort :

Un de mes amis est mort très récemment du covid : 88 ans, de lourdes comorbidités ; non vacciné. Je ne sais ce qu’il portait au plus profond de sa tête et de son cœur. Mais sa famille, sa femme, ses enfants m’ont déclaré, au moment de ses obsèques, qu’eux-mêmes n’envisageaient pas de se faire vacciner. Peut-on reconnaître aujourd’hui à quelqu’un de très âgé, de fragile, le droit d’accueillir la vie et la mort comme elles viennent.

 

 

                                                                                                       Pierre-Louis Rémy  novembre 2021