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18.4.22

double impasse

 

Double impasse

 

Le premier tour de l’élection présidentielle vient de s’achever. Les douze candidats ont rivalisé de promesses ; moins d’impôts, plus de pouvoir d’achat. Les deux finalistes nous promettent des lendemains qui chantent.

Le premier affiche sa confiance dans la science, le progrès technique et la croissance, dont les dividendes devraient profiter à tous. La seconde nous propose le repli sur soi, en nous faisant croire que « l’autre » est la cause de tous nos maux. Il suffirait de s’en débarrasser pour que tout s’arrange.

Quant aux mesures économiques proposées, mis à part la retraite à 65 ans affichée par E. Macron, sur laquelle on sent d’ailleurs un flottement, les programmes ne comportent que de bonnes nouvelles : suppression de la redevance télé, prime exonérée d’impôts et de cotisations, allègement de la fiscalité sur les successions, diminution de la fiscalité des entreprises, accroissement du minimum de pension… ; et pour être sûr de ne pas manquer d’énergie, la multiplication des EPR.

Pour les deux candidats, dans le domaine économique, il s’agit, en gros, de « continuer comme avant ». Aucun d’eux, ne laisse entrevoir que notre modèle de développement est peut-être à bout de souffle. Et à quelques nuances près, l’observation vaut pour l’ensemble des candidats. Peut-être sont-ils convaincus. Peut-être s’interrogent-ils au fond d’eux-mêmes mais n’osent pas sortir de cette logique du « toujours plus », qui depuis longtemps nourrit les campagnes électorales.

A de rares exceptions, liées à des chocs externes, notre richesse globale, le PIB et notre richesse par tête augmentent régulièrement depuis des décennies. Et pourtant l’accès aux besoins fondamentaux est toujours refusé à une partie de nos concitoyens. Pire : dans certains cas il se dégrade.

Par exemple, se loger en centre-ville est devenu inaccessible financièrement pour un grand nombre, dans les grandes métropoles, sauf à disposer d’un héritage, qui permet de constituer un substantiel apport personnel. Beaucoup de personnes sont donc obligées d’habiter loin des centres, dans des lieux mal desservis par les transports en commun ou dans des banlieues désertées par les services publics. Et malgré cette situation, le nombre de logements mis en chantier ces dernières années a baissé sensiblement.  Le sujet est presque absent du débat des élections présidentielles.

Pour changer le cours des choses, il faudrait accepter de remettre en cause la rente foncière qui a conduit à une hausse démesurée du prix des terrains et des logements, et donc des gains démesurés de ceux qui les possèdent, dans les lieux « bien situés », remettre à plat la fiscalité de l’immobilier, combattre le malthusianisme de tous ceux qui ne veulent pas qu’on construise près de chez eux…En un mot il faut du courage.

De même la qualité et la disponibilité des services de santé diminuent ; le vieillissement de la population génère des besoins nouveaux, mal couverts; le système éducatif, condition de l’égalité des chances, ne s’améliore pas, au contraire ; avec des résultats chaque année plus dégradés sur la maitrise, par les écoliers, des savoirs fondamentaux et une inégalité insupportable dans les conditions de prise en charge des élèves, à tous les niveaux, de la maternelle à l’enseignement supérieur.

Bien sûr, dans ces domaines, il y a des améliorations importantes à faire dans l’organisation et le fonctionnement. Il y a des corporatismes à mettre en cause, des responsabilités à clarifier ; un poids des services administratifs, excessif ; une centralisation et un souci d’uniformisation qui génère la paralysie, plutôt que l’égalité ; un management plus soucieux de conformité que de résultats. Tout cela doit être traité ; et ne l’a pas été. Il y a des économies à faire, des gaspillages à supprimer, mais aussi des moyens supplémentaires à affecter.

Il en va de même pour le service public de la justice, celui de l’emploi…

Nous avons de plus en plus besoin de biens publics, pour permettre à tous de vivre correctement et en sécurité. Sinon ce sera le privilège d’une minorité, comme dans beaucoup de pays, où grâce à l’argent, on s’assure les services dont on a besoin.

Mais plus de biens publics signifie plus de ressources publiques, donc plus d’impôts. Qui a le courage de le dire. Et qui a le courage d’expliquer que l’impôt sur le revenu parce qu’il est progressif, qu’il porte sur l’ensemble des revenus finaux, est celui qui devrait être augmenté en priorité. C’est pourtant compréhensible par tous que son revenu sert à la fois à financer ses dépenses personnelles, et des dépenses collectives, dont il profite un peu, mais qui, plus encore permettent de faire société. Au contraire les candidats nous proposent des primes non imposables ou des exonérations d’impôt sur le revenu ! Et même si de très nombreux économistes mettent l’accent sur les fractures de la société françaises que génèrent les inégalités, massives, de patrimoine, constitué à 60% par l’héritage, la seule musique qu’on entend sur les droits de succession, ce sont des propositions de diminution. Où sont donc courage et discernement chez les protagonistes du 2e tour.

La lutte contre le dérèglement climatique nous confronte au même type de choix. Si on laisse faire, l’augmentation inévitable du prix des énergies fossiles n’affectera pas les plus favorisés, qui pourront continuer de vivre comme avant ; pendant qu’un grand nombre verra ses conditions de vie, parfois déjà précaires, se dégrader.

Pour éviter une telle évolution, il n’y a pas d’autres options que l’intervention publique pour développer un réseau dense, efficace, accessible à tous, de transports en commun, susceptible de limiter l’usage de la voiture ; pour permettre l’accès de tous à des logements bien isolés, pour que chacun dispose d’air pur et d’eau pure…

La sobriété, indispensable pour parvenir à un développement durable, ne pourra pas résulter seulement d’innovations techniques et d’investissements. Elle passe par des changements de comportements, des consommations plus sobres. Comment l’envisager si ceux qui aujourd’hui, consomment le plus, ont la plus forte empreinte carbone, ne montrent pas l’exemple.

Voilà le discours de vérité que j’aimerais entendre ; au lieu des litanies de baisse d’impôt, des sarcasmes sur ce concept bancal et pervers d’écologie punitive.

Quel candidat à un mandat électif, en premier lieu celui de la présidence de la République, osera dire qu’il n’y a pas d’issue sans plus d’égalité, sans plus d’impôt, sans plus de partage, non pas le partage de ce qu’ont « les autres », « les riches », mais le partage et la solidarité comme fondement du fonctionnement de la société ; qu’il s’agit de changer les repères et règles du jeu de l’économie, pour que les ressources aillent, un peu mieux, là où sont les besoins fondamentaux, non couverts, chez nous, mais aussi bien au-delà de nos frontières ; pour que la qualité de la relation à « l’autre », du « vivre ensemble » soit le ressort prioritaire qui nous anime.

Vérité, partage et courage, voilà ce que je souhaite aux futurs candidats et élus, en se rappelant cette parole du philosophe Jankélévitch : « il faut commencer par le commencement. Et le commencement de tout, c’est le courage ».

 

                                                                                                            Pierre-Louis Rémy

                                                                                                              18 avril 2022

 

 

 

2 commentaires:

  1. A l'ère du tout communication, le champ politique n'attire malheureusement pas les plus intelligents ni les plus visionnaires d'entre nous. Il n'est plus nécessaire d'avoir une vision pour s'engager en politique, l'ambition suffit. Un ego surdimensionné doublé d'un narcissisme tout puissant (au sens freudien du terme) sont les atouts indispensables pour espérer briller… aux antipodes des notions de "vérité, partage et courage". Une refonte globale des outils de la démocratie et en particulier du système électoral me paraît plus que nécessaire.

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    1. c'est profondément juste. Il faut travailler à la refonte des outils de la démocratie. C'est une priorité. Un point clé est le rôle du Parlement.

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