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9.2.20

Réforme des retraites : un train peut en cacher un autre.


Réforme des retraites : un train peut en cacher un autre.
Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle avait clairement annoncé son intention de mettre en place un système de retraite universel, à points. Comme d’autres, j’étais séduit par cette idée, dont les fondements apparaissaient pertinents : justice : un euro cotisé génère les mêmes droits pour tous ; transférabilité : les droits se cumulent quelque soient les changements de statut, salarié du public, du privé, indépendant, agriculteur… ; simplicité : le point a une valeur d’entrée quand on cotise et une valeur de sortie, pour définir le montant de sa retraite.
Pourquoi donc deux mois après sa présentation, ce projet soulève t’il tant de méfiance et d’inquiétude chez une majorité de nos concitoyens. Il y a bien sûr l’appréhension que suscite inévitablement un changement aussi profond et aussi complexe. Il y a aussi l’hostilité que peut générer la remise en cause de droits, considérés comme acquis.
Mais il y a des raisons beaucoup plus profondes, qui expliquent la persistance et même l’accroissement de la méfiance.
En premier lieu, le gouvernement construit un projet qu’il enferme a priori dans une enveloppe financière. Jusqu’à présent toutes les démarches avaient été inverses. On faisait des projections financières et on réajustait éventuellement les droits, au vu de ces éléments. Le système proposé apparaît conçu pour qu’on reste dans l’enveloppe préétablie, c’est-à-dire avec une logique de gestion prioritairement budgétaire. Le risque est d’autant plus grand que le dispositif de gouvernance envisagé dans la réforme est très centralisateur et, malgré les apparences, rend l’Etat maître du jeu.
Ceci est d’autant plus problématique, que le gouvernement a occulté le débat sur la question centrale du niveau de cette enveloppe et de son évolution sur le long terme, dans un contexte où la part des retraités dans la population va continuer de croître. Au motif que les dépenses publiques de retraite sont, chez nous, dans le haut de la fourchette des pays européens, il a considéré que c’était un plafond. Cela peut s’accepter, mais cela aurait mérité un débat public, car cela ne va pas de soi. D’autant plus que les comparaisons internationales sont sujettes à caution. Chez nos voisins, bon nombre de cotisations sont la conséquence d’accords collectifs de branches ou d’entreprises ; et dans ce cadre-là, elles sont obligatoires, pour les employeurs et pour les salariés, mais elles ne figurent pas dans les dépenses publiques de retraite.
Il y a là une deuxième spécificité française : la part des ressources « publiques », c’est-à-dire issues des prélèvements obligatoires, dans la rémunération globale des retraités est sensiblement plus forte que chez nos voisins ; ce qui explique que malgré des dépenses publiques de retraite plus élevées, la baisse de revenus à la retraite soit, chez nous comparable à ce qu’elle est chez eux. Jusqu’à présent les français ont fait le choix de la primauté du système public, dans la continuité des choix faits à la libération, lors de la création de la sécurité sociale. Certains peuvent souhaiter remettre en cause cette situation. C’est leur droit. Encore faudrait-il qu’ils l’affichent clairement et que cela fasse l’objet d’un débat public.
Quant à la justice, dont tous les gouvernants se prévalent, quels doivent en être les contours. En matière de retraite, l’espérance de vie, ne devrait-elle pas être le socle de toute construction « juste ». D’où l’importance de la prise en compte de la pénibilité. Et s’il est nécessaire de mettre en place un âge pivot ou d’équilibre, la justice impose qu’il ne soit pas unique, mais adapté aux caractéristiques des différents métiers. En Suisse, par exemple, les ouvriers du bâtiment peuvent partir en retraite à 60 ans, ce qu’ils font dans leur grande majorité, suite à un accord collectif étendu, qui fait explicitement référence à la pénibilité du travail.
C’est parce-que derrière les objectifs affichés par le gouvernement se cachent, au minimum des choix implicites, et peut-être des intentions cachées, que la réforme envisagée suscite tant de défiance. Du fait de notre système institutionnel, le président de la république a les moyens de la faire adopter. Mais au risque de laisser des traces profondes, qui accroîtront un peu plus la défiance vis-à-vis des gouvernants.

                                                                                                                      Pierre-louis Rémy





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